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HOTEL DE VILLE NANCY (54) 8 octobre, 2010
Comme les autres pavillons, l’hôtel de ville, principal bâtiment de la place, est une création d’Emmanuel Héré. Sa façade est rehaussée des armoiries de la ville, dans l’avant-corps central, tandis que celles de Stanislas figurent sur le fronton et le balcon d’honneur. A l’intérieur, un escalier magistral, chef-d’œuvre de Lamour, mène d’une part au salon Carré, peint par Girardet et siège initial de l’Académie de Stanislas, et d’autre part au Grand Salon aménagé pour célébrer le premier centenaire du rattachement de la Lorraine à la France (1866).
Inspirées de décors italiens et allemands, les peintures de la cage d’escalier conduisant au « salon carré », au bout du vestibule de l’hôtel de ville, constituent un ensemble unique en Lorraine et rare en France. Les fresques ne se dévoilent que progressivement au visiteur. Au débouché d’un espace relativement bas, compartimenté par les rangées de colonnes, la cage d’escalier, baignée dans la lumière des grandes baies vitrées, semble très vaste ; aux premières marches, la superbe « perspective » d’architecture apparaît en entier, ouverte sur un bosquet, ses ferronneries en trompe-l’œil confondues avec celles de la splendide rampe dorée, forgée par Jean LAMOUR. Quelques pas plus loin, le volume paraît se dilater à nouveau, alors que le regard est attiré par le décor du plafond. Des entrelacs de rinceaux, motifs de coquille, médaillons… imitant le stuc, disposés selon une rigoureuse symétrie, y encadrent une jolie coupole en grisaille où s’agitent des putti (angelots).
L’ensemble nous est parvenu amputé, le mur du fond ayant été percé au siècle dernier pour donner au musée, accolé à l’hôtel de ville. Un dessin de FONTAINE, vers 1860, en restitue heureusement les dispositions d’origine. La fresque montrait un escalier conduisant à un jardin, sous une enfilade d’arcades entre les deux massifs de colonnes. Le grand escalier d’apparat venait ainsi s’insérer dans le décor peint, les degrés en trompe-l’œil semblant prolonger la volée principale. Soulignée par un vigoureux effet de contre-plongée, la perspective donnait une impression de profondeur à l’hôtel de ville, bâti tout en longueur ; elle était surtout conçue comme un lointain vis-à-vis de l’hôtel du Gouvernement, qui ouvrait directement sur un jardin, dans l’axe de la place Royale, de l’arc de triomphe et de la Carrière. La correspondance ainsi réalisée entre le décor peint et l’environnement architectural et urbanistique ramène, comme les savants effets scénographiques, à l’esprit baroque, toujours très vivant dans la Lorraine de Stanislas.
La peinture à fresque de JOLY