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LE CHATEAU DE KERJEAN (29) 6 novembre, 2010
Le château de Kerjeanse situe sur la commune de Saint-Vougay, dans le département français du Finistère.
À la fin du XVIe siècle, la Bretagne, et en particulier le Léon, traverse une période faste : l’agriculture et le commerce sont florissants, grâce aux cultures de céréales et de lin, et la fabrication de toiles, vendues sur toute la façade de l’Europe, depuis les ports de Morlaix, Landerneau et Roscoff. C’est dans ce contexte de prospérité économique que la famille Barbier fait construire sa demeure sur ses terres, à Saint-Vougay, une commune située à mi-chemin entre Lesneven et Saint-Pol-de-Léon. À la place de l’ancien manoir, elle fait ériger une forteresse, surpassant toutes les demeures nobles de la région : le château de Kerjean.
Lieu de réception et d’agrément, l’édifice suit la mode de son siècle et donc les règles de l’architecture de la Renaissance, qui abandonne le gothique au profit de l’esthétique antique. Le nom du maître d’œuvre du chantier demeure aujourd’hui inconnu, mais ses sources d’inspiration transparaissent à travers les formes du château. Jacques Androuet du Cerceau, l’architecte qui a construit le Pont Neuf à Paris, Philibert Delorme, bâtisseur du Palais des Tuileries ou encore Sebastiano Serlio, auteur d’un important traité d’architecture, ont sans doute influencé le style de Kerjean.
En 1618, la famille Barbier demande à Louis XIII que le domaine de Kerjean soit érigé en marquisat. Le roi, qui considère le château comme l’une des plus belles demeures de France, accède à la requête des propriétaires. Quelque peu délaissé au XVIIe siècle, l’édifice retrouve son éclat avec les successeurs des Barbier, les Coatanscour. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, Suzanne Augustine de Coatanscour, épouse de François-Gilles de Kersauzon, y reçoit la noblesse léonarde dans un cadre luxueux. Mais la Révolution française met un terme à ce prestigieux train de vie : la marquise de Coatanscour est arrêtée, emprisonnée à Brest et guillotinée.
Confisqué par la Nation, Kerjean sert, dans un premier temps de garnison, avant d’être vendu en 1802 à la famille Brilhac. Cette dernière participe au démantèlement d’une partie du château en vendant les matériaux. Les propriétaires suivants, les familles Forsanz et Coatgoureden, maintiennent l’édifice en l’état. Et c’est finalement en 1911 que l’Etat rachète le château et le classe aussitôt monument historique.
Depuis 1985, le domaine est mis à la disposition du Conseil général du Finistère. La restauration de la demeure seigneuriale a été achevée en 2005.
S’il incarne magnifiquement l’architecture de style Renaissance en Bretagne – c’est l’un des plus beaux exemples dans le pays de Léon, le château de Kerjean est aussi un lieu où flâner et s’attarder, plus encore à rêver.