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Explosion du croiseur Maine, c’est en 1898.
Le 15 février 1898, le cuirassé américain Maine est victime d’une violente explosion dans la rade de la Havane, à Cuba.
À l’initiative du magnat Randolph Hearst, qui a inspiré au cinéaste Orson Welles son chef d’œuvre Citizen Kane, la presse américaine accuse les Espagnols, qui gouvernent Cuba, d’avoir placé une mine sous la coque du navire…
Dans les faits, une commission d’enquête conclura – mais en 1911 seulement – à une explosion accidentelle dans la salle des machines.
Accident ou attentat ?
Le soir du 15 février 1898, vers 21h40, le cuirassé américain Maine est victime d’une violente explosion dans la rade de la Havane, à Cuba. La détonation est si violente qu’elle souffle les vitres des maisons de la ville.
Le navire sombre presque immédiatement et malgré les secours qui arrivent des autres navires, 252 hommes périssent dans l’accident. 8 autres allaient plus tard mourir de leurs blessures.
Immédiatement, la presse américaine accuse les Espagnols, qui gouvernent Cuba, d’avoir placé une mine sous la coque du navire, lequel était en visite de courtoisie. Dans les faits, une commission d’enquête concluera – mais en 1911 seulement – à une explosion accidentelle dans la salle des machines.
Entre-temps, la campagne de presse contre l’Espagne aura entraîné les États-Unis dans la guerre et débouché sur rien moins que l’occupation par Washington de Cuba, Guam, Hawaï, Porto-Rico et les Philippines !
Guerre sur commande
Il faut dire qu’à Cuba, les Espagnols, qui occupent l’île depuis sa découverte par Christophe Colomb, font face à partir de 1895 à une insurrection indépendantiste.
Aux États-Unis, la presse populaire prend fait et cause pour les insurgés cubains et dénonce à qui mieux mieux la barbarie des Espagnols, catholiques et latins, leurs «camps de la mort» et même leur pratique de l’anthropophagie.
Deux hommes rivalisent dans cette recherche du sensationnel : le magnat de la presse Joseph Pulitzer, du World, et William Randolph Hearst, qui venait de fonder à 32 ans le New York Journal.
Cette presse populaire est qualifiée de «yellow press» (presse jaune) parce qu’elle propose des bandes dessinées en jaune dont la couleur a la fâcheuse tendance à déteindre sur les articles.
La campagne de presse a le soutien intéressé des hommes d’affaires américains qui ont beaucoup investi à Cuba et rêvent d’en évincer la vieille puissance coloniale. Mais le public ne manifeste guère d’intérêt pour le conflit cubain. Les journalistes non plus d’ailleurs.
Début 1898, le dessinateur du New York Journal Frederick Remington écrit de La Havane à son patron : «Il n’y a pas de guerre ici, je demande à être rappelé». Hearst lui câble en réponse : «Restez. Fournissez les dessins, je vous fournis la guerre». Là-dessus, il publie le 9 février une lettre confidentielle de l’ambassadeur d’Espagne à Washington qui présente le président américain McKinley comme un homme terne et timoré…
À cette provocation vient s’ajouter quelques jours plus tard l’explosion du Maine. Le magnat de la presse monte une violente campagne. Pendant plusieurs semaines, jour après jour, il consacre plusieurs pages de ses journaux à l’affaire du Maine et réclame vengeance en répétant inlassablement : «Remember the Maine ! In Hell with Spain !» (Souvenez-vous du Maine ! En enfer l’Espagne !). Ses concurrents ne sont pas en reste.
Pressé de partout, le président William McKinley déclare la guerre à Madrid le 25 avril 1898. Il était arrivé au pouvoir l’année précédente sur la promesse de maintenir la paix quoiqu’il en coûte.