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LE REVEILLON DE NOEL
LE RÉVEILLON DE NOËL d’autrefois : un
repas gras succédant à la Messe de minuit
(D’après « La nuit de Noël dans tous les pays » paru en 1912)
La Messe de minuit était ordinairement précédée d’un repas maigre (en Provence, on le nommait le gros souper) ; elle était suivie d’un repas gras qu’on était convenu d’appeler, dans toutes les provinces de France, le réveillon.
Ce repas avait sa raison d’être par suite du jeûne de la veille, de la
privation de sommeil, de la longueur des offices de la nuit, qui souvent
duraient plusieurs heures - la grand’messe de minuit était précédée des
trois Nocturnes des Matines et suivie des Laudes - et aussi des
fatigues d’une longue route parcourue pour venir à l’église. Telle a été
l’origine du réveillon.
Dans l’Orléanais,
le réveillon avait des mets et des chants traditionnels ; le porc
composait le menu de ce festin. C’était sous toutes les formes et par
parties que la victime était servie sur la table. Partout son sang
apparaissait sous la forme de boudin succulent, et sa chair hachée sous
celle de crépinettes, sorte de saucisses longues qui, dans certaines
communautés, étaient servies à chaque personne, dès le retour de la
Messe de minuit. La fin du repas était égayée par le chant de Noëls
locaux.
Dans les familles angevines,
il était d’usage, à Noël, de tuer un des porcs mis à l’engrais. Dès le
matin, le boucher, accompagné de ses valets, se rendait à domicile et,
après avoir saigné, épilé le porc, puis taillé sa chair, se mettait à
faire force saucisses et boudins, car il fallait en envoyer à tous les
parents et amis. Le soir arrivé, une grande chaudière d’airain était
posée sur le feu. Cette chaudière était remplie de la chair du porc
coupée en petits morceaux et destinés à faire des rilleaux. Le chef de la famille se signait, jetait de l’eau bénite sur le feu, puis plaçait dans la chaudière trois mesures de sel.
Al’aube du jour, les rilleaux étaient cuits, et alors on se délassait, dans ce gai repas, des veilles de la nuit. Le Bulletin historique et monumental de l’Anjounous
révèle qu’ensuite on partait pour l’église paroissiale, en emportant
sur un large plateau un magnifique jambon couvert de verdure. Ce jambon
était déposé devant le maître-autel. Un prêtre, en habit de chœur,
venait le bénir et prononçait une prière consacrée à cette cérémonie,
prière qu’on retrouve encore dans nos anciens rituels du Moyen Age.
Après la bénédiction, le jambon était reporté à la maison et suspendu
dans l’âtre de la cheminée ; il y restait jusqu’à Pâques. Ce jour-là, il
était décroché et mis sur la table autour de laquelle la famille venait
s’asseoir et rompait avec cette viande bénite l’abstinence du Carême.
Dans le Rouergue(Aveyron), tout en se chauffant autour du souquo naudolengo
(bûche de Noël) qui flambe, on réveillonne avec un bon morceau de
saucisse, cuite à point par les soins de la ménagère, ou, à défaut de
saucisse, on se régale tout bonnement d’un morceau de porc salé,
conservé depuis le carnaval passé. Et, comme dessert, une rissole aux
prunes ou aux pommes bien chaude et bien dorée.
Le
jour de Noël est un jour de grande liesse ; c’est le maître, « le
bourgeois » qui « régale » la famille et les domestiques. C’est à lui
qu’incombe le soin de tout disposer, car c’est, ce jour-là, la fête des
petits, des humbles, des serviteurs ; le maître « paie » à toute la
maisonnée. Mais, en revanche, le jour des Rois sera sa fête à lui. A
leur tour, les domestiques paieront ou seront censés payer, et ce
soir-là encore, il y aura grande liesse dans la ferme, éclairée autant
par le grand feu de la cheminée que par la lampe du plafond.