Voyage sans retour pour Lapérouse, c’est en 1785.
Le 1er août 1785, deux frégates baptisées La Boussole et L’Astrolabe appareillent de Brest pour un voyage d’exploration de quatre ans autour du globe sous le commandement du comte Jean-François de Galaup de Lapérouse (ou La Pérouse). Celui-ci a reçu son commandement du maréchal de Castries, ministre de la Marine de Louis XVI, et du chevalier de Fleurieu, directeur des ports et arsenaux.
L’épopée s’achèvera tragiquement sur l’îlot de Vanikoro…
Une mission impossible
En juin 1785, Louis XVI lance une grande expédition autour du monde. Pour en assurer le commandement, il a l’homme de la situation : le capitaine de vaisseau Lapérouse. Il lui reviendra, avec une équipe de savants, de compléter cartes et répertoires scientifiques, mais aussi d’ouvrir de nouvelles voies de commerce en Extrême-Orient.
Ce 1er août 1785, l’Astrolabe et la Boussole quittent donc Brest pour une navigation estimée à 4 années. Après le Chili, l’île de Pâques puis Hawaï, voici l’Alaska, où meurent 21 marins dans le naufrage de deux chaloupes.
L’expédition poursuit vers San Francisco, la Chine et les Philippines. Après avoir observé les côtes méconnues de la Corée, elle rejoint la péninsule russe du Kamtchatka.
Le bal que les autorités ont organisé en l’honneur des visiteurs y est interrompu par l’arrivée du courrier de France. Lapérouse y apprend sa promotion au rang de chef d’escadre et reçoit l’ordre de se rendre en Australie pour espionner les Anglais. Il reprend la mer…
28 mois après le départ de Brest, il atteint avec soulagement Tutuila, île des Salomon, pour se ravitailler en eau fraîche. Mais l’opération coûte la vie à 12 marins, tués à coups de pierre ou de massue par les indigènes après que leurs chaloupes se sont échouées.
C’est donc démoralisée et affaiblie par les carences alimentaires que l’expédition parvient en Australie où elle découvre avec surprise une flotte anglaise à la recherche d’un endroit accueillant pour installer près de 700 forçats. Les Français en profitent pour confier quelques lettres à leurs «compatriotes européens» avant de quitter Botany Bay, le 10 mars 1788. Alors commence le mystère Lapérouse.
Pendant 40 ans, le silence retombe sur l’expédition. La déferlante de la Révolution passe sans que l’on oublie les marins : on dit ainsi que, peu avant de monter sur l’échafaud, Louis XVI s’enquit du sort de son explorateur, censé être de retour depuis l’été 1789.
C’est finalement l’irlandais Dillon qui lève le mystère en acquérant en 1826 dans l’archipel des Vanuatu une épée en argent de confection française, premier indice d’une enquête qui permit de localiser le naufrage sur Vanikoro. Les recherches se poursuivent de nos jours pour éclaircir les circonstances de la perte de l’expédition Lapérouse, certainement victime d’un cyclone.
Fin du «mystère Lapérouse»
Spécialiste de l’archéologie sous-marine, Michel L’Hour a participé activement aux fouilles de Vanikoro, l’archipel où Lapérouse avait fait naufrage.
Les fruits de ses recherches, exposés au Musée de la Marine (Paris, 31 mars au 20 octobre 2008), ont permis de boucler le «mystère Lapérouse». Sur les fouilles et cette remarquable exposition, on peut lire avec profit le passionnant article de Sophie Laurant (Pèlerin Magazine, 24 avril 2008).