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Histoire de la Croix de Lorraine
La croix à deux traverses, dite « de Jérusalem », remonte aux origines du christianisme. La traverse supérieure, la plus courte, était destinée à porter l’inscription latine « INRI » = Jésus le Nazaréen, Roi des juifs. Inscription connotée d’un certain humour méprisant puisque affichée au-dessus d’un condamné, crucifié pour agitation populaire ayant entraîné la mise en danger de l’autorité romaine.
La traverse inférieure, plus longue, est le bras horizontal de la croix telle que nous la connaissons.
C’est cette croix à double traverse qui va servir de modèle aux reliquaires de la vraie croix. Vers 569, l’empereur de Constantinople, Justin Il, en offre un à Sainte Radegonde, reine franque, épouse de Clotaire 1er. Ce reliquaire est toujours conservé à Poitiers. Au 11ème siècle, Etienne, Roi de Hongrie, se convertit au christianisme. Le Pape lui offre une couronne surmontée d’une croix double. Par la suite la Hongrie christianisée obtient, elle aussi, un reliquaire de la vraie croix en forme de croix à double traverse, laquelle devient à partir de cette époque, et ce jusqu’à nos jours, la Croix de Hongrie, qu’on retrouve dans toute l’Europe centrale.
Jusqu’ici, rien à voir avec la Lorraine.
En 1290, la dynastie issue du roi Etienne s’éteint. Par l’entremise du Pape, c’est un neveu de Saint Louis, d’origine angevine, qui par mariage devient Roi de Hongrie. Pendant tout le 14ème siècle, trois rois angevins vont diriger le pays, mais le dernier, marié à Jeanne de Provence, meurt sans héritier. La Hongrie est alors réunie à la Bohème et la Reine Jeanne revient en France, ramenant avec elle le reliquaire à double traverse qui, de Hongrois devient alors Angevin et est conservé à Beaupré, en Anjou.
Toujours rien à voir avec la Lorraine, mais…
En 1420, le cadet d’Anjou, René, devient par héritage d’un oncle, Duc de Bar et il épouse Isabelle, seule héritière du Duché de Lorraine. Il devient alors le Duc de Lorraine René 1er dit « le bon Roi René », et il décide de faire figurer dans ses armes la croix double, angevine après avoir été hongroise. La voici devenue « lorraine », mais deux évènements historiques de portée européenne vont lui conférer la puissance symbolique que nous connaissons..
Le premier évènement
La bataille de Nancy le 5 janvier 1477, la victoire du Duc de Lorraine René Il, petit-fils de René 1er et la mort de Charles le Téméraire. Charles le Téméraire, Duc de Bourgogne, qui rêvait d’un grand état allant de l’embouchure du Rhin aux Pays-Bas jusqu’aux Alpes, englobant la Flandre, la Lorraine, la Franche-Comté, la Suisse et la Bourgogne. Charles qui se voyait ressusciter l’ancien Royaume de Lothaire, petit- fils de Charlemagne, (Lotharii Regnum, Royaume de Lothaire, par contraction = Lorraine), avec Nancy comme capitale. Le jeune Duc de Lorraine, René Il, prend alors la croix à double traverse comme signe de ralliement de ses troupes. Celle-ci devient alors « la Croix de Lorraine » par opposition à la croix de Saint André arborée par le Téméraire. Le 5 janvier 1477, le rêve de Charles disparaît avec lui sous le murs de Nancy, et la Croix de Lorraine devient pour longtemps symbole de la volonté d’indépendance de la Lorraine, menacée depuis des siècles de par sa position stratégique entre Rhin et Meuse, entre le Saint Empire Romain Germanique et le Royaume de France.
Le deuxième évènement
Dès avant 1914, l’empereur d’Allemagne, Guillaume Il avait envisagé le redécoupage de l’Europe, au cas où les armes lui seraient favorables…
Dès juillet 1940, Hitler reprend cette idée à son compte. Non seulement il ré-annexe l’Alsace et la Moselle, non seulement il partage en deux zones, libre et occupée, le reste de la France, mais il envisage également de partager en deux la zone occupée par une diagonale allant de la Mer du Nord, longeant les Ardennes, la Meuse, séparant la Franche-Comté et une partie de la Bourgogne, et ce jusqu’à la frontière suisse. Les départements du Nord et de la Somme (Ex Pays-Bas espagnols) seront gérés par Bruxelles. Tous les territoires situés au Nord de la diagonale deviennent zone inter- dite destinée à devenir un protectorat allemand.
A cinq siècles de distance, on croit voir ressusciter l’ambition du Téméraire, ladite diagonale reprenant sensiblement les limites de l’ex Saint-Empire.
A Londres, Charles de Gaulle et l’amiral Thierry d’Argenlieu saisissent le ravivage historique de ce découpage et choisissent alors, pour illustrer leur résistance, de reprendre à leur compte le symbole de la victoire de René Il et de l’effondrement du Téméraire La Croix de Lorraine qui devient pour toute la France le signe du refus de la défaite et de toutes les compositions… et une fois encore, l’Histoire lui donnera raison.
Nous, nous faisons partie de celles et de ceux qui savent, dans leur être profond, quel en a été le prix…
Et si la Croix de Lorraine devenait aujourd’hui le signe de ralliement d’une autre Europe, d’une Europe AUTREMENT.
Daniel Gabriel Vice Président à l’Action Régionale et Départementale .
(Source : ovh.net)