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CA S’EST PASSE UN 12 AVRIL 11 avril, 2014
Arrestation de Landru, c’est en 1919.
Le 12 avril 1919, à Paris, les inspecteurs Braunberger et Belin arrêtent à son domicile du 76, rue de Rochechouart un certain Désiré Landru, pour escroquerie et abus de confiance. Parmi les objets saisis sur lui se trouve un petit carnet sur lequel sont inscrits les noms de ces victimes, au nombre de onze.
Une enquête court depuis fin 1918, suites aux disparitions d’Anne Collomb, fiancée à un M. Dupont et Célestine Buisson, promise à un M. Frémyet. Les deux hommes ne sont en réalité qu’une seule et même personne : Landru. C’est le début de la plus célèbre affaire criminelle du XXe siècle, portée par la personnalité de l’accusé et son sens de la répartie.
Le «Barbe-Bleue de Gambais»
Marié, père de trois enfants qui le croient brocanteur, portant beau en dépit de sa calvitie, il a déjà accumulé des peines de prison pour escroqueries en 1904, 1906 et 1909. Depuis 1914, l’homme, pour se procurer des fonds, se fait passer pour un veuf assez aisé.
Par le biais des petites annonces matrimoniales, il séduit des femmes seules possédant quelques économies et menant une vie suffisamment isolée de leur entourage. Cela ne lui est pas trop difficile car la Première Guerre mondiale a produit de nombreuses veuves en mal de mari.
Une fois le mariage convenu, Landru invite ses victimes à séjourner dans une villa, d’abord à Chantilly puis à Vernouillet et enfin à Gambais, en Seine-et-Oise. C’est là qu’il les tue. Sur place, la police découvre, au cours des perquisitions, des débris humains dans un tas de cendres retrouvé dans un hangar, dans la cheminée, dans la cuisinière ; elle trouve également des agrafes, des épingles, des morceaux de corset, des boutons en partie brûlés.
Landru est inculpé de meurtre par le juge Bonin en mai 1919. Le procès à grand spectacle s’ouvre le 7 novembre 1921, après deux ans et demi d’instruction. Il attire le Tout-Paris, notamment Mistinguett, Berthe Bovy ou encore la romancière Colette, alors chroniqueuse judiciaire. La cuisinière dans laquelle les corps des victimes sont supposés avoir été brûlés est transportée dans la salle d’audience.
Concédant avoir volé et escroqué ses supposées victimes, Landru nie être l’auteur des crimes dont on l’accuse. L’humour du prévenu charme l’auditoire, de même que ses saillies provocantes à l’égard de la Cour. Exemple parmi d’autres, alors que Landru vient de déclencher l’hilarité du public par une nouvelle repartie, le président menace : «Si les rires continuent, je vais demander à chacun de rentrer chez soi !», ce à quoi Landru réplique : «Pour mon compte, monsieur le Président, ce n’est pas de refus».
Son avocat, maître Vincent de Moro-Giafferi, le défend avec talent. Une scène mémorable a lieu pendant sa plaidoirie, où il affirme que des victimes ont été retrouvées et vont venir se présenter devant la cour d’assises.
Le public et les jurés tournent alors la tête vers la porte que l’avocat désigne, et après avoir laissé planer le suspense, souligne le fait que tous ceux qui ont tourné la tête vers la sortie viennent de démontrer leur manque de conviction concernant la réalité des assassinats imputés à son client, faute de cadavre retrouvé.
L’avocat général rétorque du tac au tac que Landru, lui, n’a pas tourné la tête vers la porte… Mais, face à une série de témoignages accablants, Moro-Giafferi ne peut éviter à Landru la condamnation à mort : au terme de huit heures de délibérations, les jurés le déclarent coupable et le condamnent à la guillotine, le 30 novembre 1921. Son recours en grâce rejeté, Landru est guillotiné à l’entrée de la prison de Versailles à l’aube du 25 février 1922.
À son avocat qui, au pied de l’échafaud, lui demanda si, finalement, il avoue avoir assassiné ces femmes, Landru répond : «Cela, Maître, c’est mon petit bagage…»