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Procès du docteur Petiot, c’est en 1946.
Le 11 mars 1944, pendant l’Occupation, les pompiers parisiens sont alertés par des voisins incommodés depuis plusieurs jours par les odeurs s’échappant d’une cheminée de l’immeuble de la rue Le Sueur, au n°21. L’hôtel particulier appartient au docteur Marcel Petiot.
Après avoir tenté de joindre le propriétaire, les pompiers fracturent une fenêtre et pénètrent dans la demeure. Dans la cave, ils découvrent des corps humains dépecés, prêts à être incinérés. Arrivé sur ces entrefaites, Petiot se justifie en affirmant que ce sont des cadavres de nazis qu’il a tués lui-même, et persuade les policiers, bons patriotes, de le laisser partir.
Lors des perquisitions ultérieures, la police découvre soixante-douze valises, une cave aménagée, des doubles portes, une chambre à gaz dont la porte est équipée d’un judas pour regarder l’agonie des victimes, ainsi qu’un puits rempli de chaux vive.
Il apparaît que, depuis 1943, Petiot proposait à des personnes menacées par la Gestapo, principalement des juifs ou des malfrats en cavale, de les faire passer clandestinement en Argentine. Les prétendants au voyage se rendaient la nuit au domicile du médecin, munis de leurs biens les plus précieux et de leur argent. Un passé encombrant
Le passé de Petiot trouble également les enquêteurs. Né le 17 janvier 1897 à Auxerre, le suspect a été interné plusieurs fois en hôpital psychiatrique depuis son adolescence et a comparu devant la justice, notamment pour des affaires de vols.
En 1926, à Villeneuve-sur-Yonne où il possède un cabinet médical depuis quatre ans, la maison de la fille d’une de ses patientes, avec qui il entretient une liaison et qui a été découverte, est incendiée. La jeune fille, quant à elle, disparait sans laisser de traces.
Les disparitions inexpliquées commencent à susciter des rumeurs. En 1933, Marcel Petiot signe le permis d’inhumer d’un témoin important dans une affaire de meurtre dans laquelle lui-même est impliqué, ce témoin étant mort brutalement après une visite dans son cabinet. Le docteur part s’installer à Paris la même année.
Après la découverte funeste du 21, rue Le Sueur, Petiot, en fuite de nouveau, reste introuvable. Résistant opportuniste, il s’est engagé dans les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) sous le nom de «Valéry». Devenu capitaine, il a été affecté à la caserne de Reuilly, dans l’Est parisien !
À la Libération, un mandat d’arrêt est délivré à son nom. Grâce à un article publié en septembre 1944 dans Résistance, intitulé «Petiot, soldat du Reich», le docteur Petiot se fend d’un droit de réponse et écrit une lettre manuscrite au journal. La police en déduit qu’il est toujours caché à Paris au sein même de la Résistance française. Il est arrêté le 31 octobre 1944 dans une station de métro.
Son procès s’ouvre le 18 mars 1946. Petiot comparaît pour vingt-sept assassinats, même s’il en revendique soixante-trois et soutient, malgré les preuves accablantes, que ses victimes étaient des criminels nazis. Le 4 avril, il est condamné à mort en dépit des efforts de son avocat, un ténor du barreau, maître René Floriot.
Le 25 mai 1946, au garde qui vient le réveiller pour l’exécution, Petiot rétorque : «Tu me fais ch…». Le couperet tombe à 5h05. Les deux cent millions de francs que le docteur a volés à ses victimes n’ont jamais été retrouvés.