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LE VIADUC DE POIX (80) 31 octobre, 2015
Fait de maçonnerie de briques, il fut construit en 1866. Il permet aux deux voies principales de la ligne Amiens-Rouen, sur une longueur de 246 m, le franchissement de la vallée de Fay, profonde de 33 m.Le viaduc fut la cible de trois entreprises guerrières de destruction.
1914
Le Génie français le fit sauter le 31 août 1914 au moyen d’un dispositif de mine improvisé, détruisant les 6 arches consécutives, côté Amiens. Elles ont été reconstruites en 1915 de telle façon que l’ouvrage conserve le même aspect. Les parements des piles et des tympans, ainsi que les bandeaux des voûtes ont été rétablis en béton de cailloux. La voûte 6, disloquée et crevassée a été reconstruite en maçonnerie de briques. Pendant les travaux, la ligne fut interrompue totalement. Notez que la pile 6 de 32 m de hauteur fut redressée d’un hors d’aplomb de 48 cm sans la démolir. Puis, elle fut sciée horizontalement sur 1,20 m côté Amiens, pour être ensuite ramenée à la verticale au moyen de vérins. Le résultat fut excellent puisque cette même pile résista parfaitement à une nouvelle atteinte en 1940. |
1940
Le 6 juin 1940, le Génie français fit sauter les arches 4, 5 et 6. La voûte 3 fut complètement disloquée. Les voûtes 2 et 7 furent légèrement fissurées. Afin de rétablir immédiatement la circulation, une entreprise allemande fut chargée d’établir un pont provisoire de 80 m et composé de 4 tabliers en fer.
Lorsque les travaux furent achevés, le 12 septembre 1940, la circulation provisoire fut rétablie à voie unique, la vitesse restant limitée à 10 km / h. Cependant un problème demeurait : reconstruire l’ouvrage avec une apparence identique à celle des parties conservées sans interrompre la circulation sur le tablier provisoire. Ceci fut réalisé en construisant l’ouvrage définitif autour du provisoire et en noyant, en définitive, dans la masse, les parties qui ne pouvaient pas être enlevées.
Les travaux durèrent près de dix mois.
1944
Le 14 janvier 1944, l’un des nombreux bombardements aériens de l’époque atteignit une troisième fois le viaduc.
Cette fois, seule la voûte 5 fut endommagée et la circulation fut à nouveau interrompue. II fallut 6 mois pour la réparer. Les travaux de remise en état furent conduits de façon traditionnelle. La maçonnerie fut alors réparée par du béton.
Les bandeaux et tympans furent, comme en 1914 et en 1940, repris en maçonnerie de briques.
Ce viaduc, qui a décidément la vie dure, cache maintenant, pratiquement, plaies et bosses.
En 1969, la S.N.C.F. entreprit d’assurer l’étanchéité proprement dite de l’ouvrage et de profiter de la circonstance pour remplacer les murs bahuts existants par des garde-corps métalliques. Ainsi protégé et abrité, le viaduc peut attendre l’année suivante pour recevoir les soins que son aspect extérieur nécessitait encore.
C’est ainsi que de toute la construction d’origine, seules les deux premières arches vers Rouen subsistent encore aujourd’hui.
La ville actuelle n’est cependant pas peu fière de son « viaduc », ainsi que le proclame, d’ailleurs, la flamme que la Poste imprime sur chaque missive expédiée, contribuant à faire rayonner « tous azimuts » la gloire de cet ouvrage d’art..